Thailande

Thailande

Plateforme de Michel Houellebecq

Plateforme
Auteur : Michel Houellebecq
Editions : Flammarion, 2001 - J’ai lu, 2010
  
 
 

 

 

« Je n’avais pas grandi dans un cocon familial, ni dans quoi que ce soit d’autre qui aurait pu s’inquiéter de mon sort, me soutenir en cas de détresse, s’extasier devant mes aventures et mes succès, j’étais célibataire, sans enfant, sur mon épaule,  personne n’aurait eu l’idée de venir s’appuyer. Comme un animal, j’avais vécu seul et je mourrais seul.»
Voici l’état d’esprit de Michel, le narrateur de Plateforme,  en route pour un voyage organisé en Thaïlande.
Michel est un homme « ordinaire » aux pensées « ordinaires », suivant le groupe, non contrariant mais ne s’intégrant pas parmi les membres, ne trouvant pas vraiment sa place dans ce monde. Déambulant seul, sans grandes idées apparentes, sans grandes qualités selon lui, pessimiste, distant, mal dans sa peau, un peu misérable. Il décrit des moments de bonheur auprès des prostituées thaïes. La rencontre avec Valérie se solde par un échec toute la durée du voyage. Son rêve n’aboutit pas. De retour à Paris, il l’approche et desserre son frein. Ensemble ils vivent une belle histoire d’amour où les plaisirs du corps et les échanges sincères s’enchevêtrent. Le bonheur entre enfin dans la vie de Michel.
Michel le narrateur - Michel l’auteur porte en apparence un regard sans prétention sur la vie, la vie de touristes français en Thaïlande, les besoins des uns et des autres de son entourage et plus généralement les besoins de l’homme.  Les ingrédients du bonheur,  selon le narrateur-auteur, ne sont ni dans la réussite professionnelle, ni dans l’accumulation de fortunes et de biens, ni dans les excès, ni dans une vie stressante, mais se résument en quelques mots : aimer, être aimé, le tout agrémenté des plaisirs du corps. Mélange de sensations et d’émotions.  L’analyse économique du tourisme faite par Houellebecq montre qu’un séjour de vacances réussi  a aussi besoin de réunir ces ingrédients. « Je crois comme Dostoïevski, dit Houellebecq, que l’on devrait demander à tout porteur d’idées généreuses et générales de faire le bonheur d’une personne en particulier. C’est vrai que mes personnages sont tous politiquement nihilistes. »
Cette simplicité dans le style, et dans les réflexions de l’auteur est décriée par des critiques littéraires. Pour certains commentateurs, ce « style plat » expliqué comme l'imitation du langage quotidien et des discours abêtissants des magazines, ne serait pas compatible avec l'écriture romanesque et le style littéraire, et serait plus proche du « roman de gares ». Ce style de l’auteur intimiste, réaliste, simpliste, tendant souvent vers le registre du langage parlé, et vulgarisant des thèmes plus « sérieux », ne plaît pas à tous les intellectuels.
Le bien-être auprès des prostituées thaïes est dénoncé comme étant une promotion du tourisme sexuel. La polémique fait suite à la publication du roman. La presse se frotte les mains. Le Guide du routard - dont les aimables membres sont qualifiés de « connards humanitaires protestants » dans le roman - s’insurgent contre l’apologie du tourisme sexuel et contre les attaques dont ils sont l’objet.
Des propos anti-islam ont provoqué l’indignation des responsables musulmans et juifs. Un procès lui a été fait suite à l’article paru dans le magazine Lire l’interviewant à ce sujet. Michel Houellebecq  a été relaxé. Victoire par rapport à la liberté d’expression.
Certains ne manquent pas de rappeler qu’Houellebecq n’a pas fait d’études littéraires.  Il est ingénieur agronome de formation. Mais dès l’âge de 20 ans, il commence à écrire des poèmes, des romans, des essais…
Et… Il a une sensibilité et une plume qui lui sont propres. Il a le don de saisir puissamment ce qui se passe dans l'air et dans la société. Un bon flaireur, un attrapeur intuitif de la réalité actuelle, un pseudo-sociologue. Pour le romancier Marc Weizmann, «Il exprime la mentalité de la France majoritaire mieux que personne ». Il remue le couteau dans les plaies existentielles occidentales. « Il semble que j’ai un flair de cochon pour déceler ce qui va mal dans la société autour de moi » confie l’auteur au Monde des Livres.

Et bien révélateur… le nombre de prix décernés pour l’ensemble de ses œuvres, une dizaine au moins  - Prix Tristan-Tzara (1992), Prix de Flore (1996) Prix Novembre (1998) Meilleur livre de l'année (1998) Prix Interallié (2005) Prix Goncourt (2010) -.
Ne nous prouve-t-il pas  une certaine reconnaissance dans le milieu intellectuel ? Les nombreuses ventes ne montrent-elles pas que les propos touchent de très près l’âme des lecteurs ? Le lecteur ne se reconnaît-il pas régulièrement dans ces personnages ? L’auteur n’aurait-il pas tout simplement la vérité trop vraie, donc dérangeante ? Ne dit-il pas tout haut ce que d’autres pensent tout bas ?

c'est avec la complicité de Corinne Missier du Paris Phuket qui  recommande en tout simplicité de lire ce roman.
Le site des Amis de M. Houellebecq : http://michelhouellebecq.est-ici.org/


 



05/10/2012
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