Thailande

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LE THEATRE ITINERANT THAILANDAIS EN VOIE DE DISPARATION

LE THEATRE THAILANDAIS, une tradition qui risque de disparaître.

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Ils mangent, dorment et élèvent leurs enfants sous la scène de leur théâtre itinérant en Thaïlande. Mais le soir venu, ces interprètes d'un art en voie de disparition se métamorphosent quand ils revêtent leurs costumes richement ornés.

"Nous avons joué à travers tout le pays. Nous restons trois à quatre jours dans chaque endroit, puis nous partons", explique à l'AFP Annop Promma, 21 ans, en descendant de la scène installée ce soir-là dans un temple du quartier chinois de la capitale thaïlandaise, Chinatown.

Avec sa troupe d'une trentaine de personnes, il pratique l'art ancestral de l'"opéra chinois", où les comédiens chantent dans un dialecte chinois, dans ce pays où 14% de la population a des racines en Chine.

"J'adore voyager, m'amuser. Partout où je vais, je me fais de nouveaux amis. C'est comme m'ouvrir sur le monde", explique le jeune comédien, qui a rejoint la troupe alors qu'il n'avait que 12 ans. Hamacs et tentes sous la scène.

Dès que la lumière s'éteint et que les artistes effacent l'épais maquillage blanc et noir qui couvre leur visage, la vie de la troupe itinérante s'anime dans les coulisses improvisées dans l'enceinte du temple de Chinatown.

Des hamacs sont installées directement sous la scène, parfois protégés par de petites tentes, avec des systèmes d'éclairage bricolés avec les moyens du bord.

 

 

"Nous sommes des gens de la nuit", explique Chuchart Ongchai. A 40 ans, ce comédien fait déjà figure d'aîné avec près de trente ans dans la troupe.

"Après le spectacle, je me douche, je mange, je regarde la télévision ou des films jusqu'à trois ou quatre heures du matin. Puis je m'endors et je me réveille en fin d'après-midi", explique-t-il.

Ici, la troupe a une vie de famille. Une comédienne donne le sein à son nourrisson tout en se maquillant dans la loge commune. Une place est trouvée pour les réchauds au milieu des décors.

Tout est remballé au bout de quelques jours, pour aller vers un autre temple ou tout autre lieu d'accueil, comme un stade. Avec ses chants, émis d'une voix nasale très particulière, l'opéra chinois met en scène des légendes de l'Empire du Milieu lors de longues représentations qui durent plusieurs heures, du coucher du soleil jusqu'à minuit.

Mais aujourd'hui, ces troupes de théâtre itinérant peinent à trouver leur public, les jeunes Thaïlandais étant plus attirés par internet ou la fréquentation des centres commerciaux.

"Il y a de moins en moins de public au fur et à mesure que les anciens disparaissent. La jeune génération n'est intéressée que par les loisirs faciles", déplore Jirapat Saetang, 33 ans, une des plus jeunes dans le public ce soir-là.

Car assister à une représentation d'opéra chinois, art très codifié, lent, aux mises en scènes immuables, nécessite une certaine dose de concentration et de patience.

A cela s'ajoute le fait que les jeunes Thaïlandais d'origine chinoise sont rares à comprendre le dialecte chinois utilisé par les comédiens. "Les parents des jeunes générations ne parlent pas chinois avec eux", déplore la spectatrice.

Néanmoins, une vingtaine de troupes d'opéra chinois subsiste en Thaïlande. Ces héritiers d'un art séculaire annoncent leurs représentations via les réseaux sociaux comme Facebook pour attirer les plus jeunes spectateurs.

"Aujourd'hui, Facebook et les ordinateurs aident le théâtre chinois à survivre", explique le jeune comédien Annop Promma. Les réseaux sociaux permettent de faire connaître les séances de la troupe nomade sans qu'elle ait nécessairement besoin d'imprimer des affiches.

"Les gens veulent voir des choses difficiles à dénicher. Les adolescents trouvent que c'est pittoresque alors ils viennent", veut-il croire.

Le jeune comédien se dit fier de contribuer à faire vivre cet art de la scène vieux de plusieurs siècles. "Il ne s'agit pas seulement de danse et de spectacle. Je vois ça comme la conservation d'une certaine forme d'art", conclut-il.

 

 

AFP (http://www.lepetitjournal.com/bangkok) mercredi 3 décembre août 2014



03/12/2014
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