Thailande

Thailande

CAFE LOVELY

Café Lovely

 

 

 

 

Auteur : Rattawut Lapcharoensap

Editions : Le Seuil - Collection Points

Sightseeing, la version originale, a été publiée en 2005 par Grove Press, aux Etats-Unis.

        

 Rattawut Lapcharoensap, de grand-mère chinoise ayant migré en Thaïlande, naît à Chicago, grandit à Bangkok, poursuit ses études supérieures aux Etats-Unis, où il réussit un MFA (Master in Fine Arts) in Creative Writting, une maîtrise universitaire en écriture. Il enseigne à l’heure actuelle l’anglais dans un lycée de Brooklyn. Ses nouvelles sont publiées dans de nombreuses revues américaines dont  Best New American Voices.

Café Lovely est son unique livre. Il a été un bestseller en Thaïlande.

 

On ne peut que regretter qu’il n’y ait pas plus de livres d’auteurs thaïs traduits en français, qu’on soit lecteur à l’autre bout du monde, touriste ou  expatrié en Thaïlande!

En voilà un, traduit dans 12 langues, et ce n’est pas un hasard, que nous avons la chance de lire en francais.

Dès les 1ères lignes, le lecteur entre en Thaïlande, la Thaïlande des Thaïlandais, plus précisement racontée par 7 jeunes narrateurs tous différents, dans 7 nouvelles, 7 tranches de vie, qui ne paraissent absolument pas fictives.

L’auteur nomme son ouvrage, à juste titre, Sightseeing, « Visite guidée ». Visite de hauts lieux touristiques ? Non… Visites de personnes… Rencontres… Galerie de portraits… Voyages… Vécu… Immersion… Emotions… Vie… Grâce au seul pouvoir des mots.

Rencontre d’enfants, d’adolescents, ou de jeunes adultes, dans leur milieu, entourés de leur famille, leurs amis, les touristes. Leur vie au quotidien avec tout son tumulte, sa complexité et ses richesses, ses rêves et ses déceptions.

La 1ère nouvelle « Les Farangs » dérange le Farang que nous sommes, avec son franc parlé. Critique drôle, émouvante, remplie de clichés pas très positifs… Mais il n’y a pas de fumée sans feu, n’est-ce pas ?

"Le cul et les éléphants, c'est tout ce qui intéresse le Farang."  montre le  trop plein, par moment, des Thaïs par rapport à l'invasion de touristes sans scrupules, ce que le Farang ne perçoit pas au 1er abord. « On leur donne de l’histoire, des temples, des pagodes, des marchés flottants … et tout ce qu’ils veulent c’est monter sur d’énormes monstres gris, grimper des filles, et faire les larves sur la plage. »

On côtoie des Thaïs mécontents, moqueurs, crus, parfois durs entre eux, le tout dans un bain drôle et tendre. Notre jeune narrateur  se fait traîter de bâtard. "Ta moitié Farang te bloque parfois le cerveau."  Sa mère évoque ses désillusions… «Tout ce que le Farang m’a rapporté c'est d’avoir le cœur brisé. »

L’auteur soulève la question des liens complexes qui se nouent entre les Thaïs et les Farangs… attirance, fascination, intérêt, curiosité, incompréhension, respect, irrespect, différences, similitudes…le tout à travers les yeux d’un adolescent rêveur.

Cette 1ère nouvelle ne reflète pas l’ensemble du recueil. Par la suite, le Farang n’apparaît plus… Chaque nouvelle nous place dans une ambiance, un environnement autre.

Une nouvelle montre les relations difficiles avec les réfugiés cambodgiens... et l’intolérance face à la différence.

La dernière, « Combats de coqs », dénote à nouveau. Elle ne laisse pas le lecteur insensible.

L ‘écrivain nous fait vivre la descente aux enfers d’une famille thaïe très modeste, à travers les yeux d’une adolescente dans la fleur de l’âge. La force des mots, l’utilisation de la 1ère personne, les descriptions du vécu au jour le jour avec ses multiples détails, les paroles rapportées de la famille, de l’entourage, les coqs membres de la famille, nous font vivre pleinement les événements. Les espoirs, les contrariétés, les choix de vie, les réflexions et réactions des uns et des autres deviennent nôtres. Vouloir connaître le dénouement nous tient en perpétuelle haleine. Les rapports entre riches et pauvres nous interpellent. Le pouvoir de l’argent montre les dégâts qu’il peut engendrer particulièrement dans des milieux précaires. La solidarité, l’opposition ou l’indifférence ne laissent pas neutres.

Ce livre est un cocktail passionnant de personnages présentés avec sensibilité, franchise et force. La maturité des narrateurs, leur finesse, leur sagesse, leur philosophie de vie, qui ne sont autres que le regard de l’auteur sur la vie, plaisent. Et, pour couronner le tout, ce dernier maîtrise vraiment l’art du récit.

Voilà une nouvelle manière d’approcher la Thaïlande.

 

 

Quelques critiques sur :

 

http://www.babelio.com/livres/Lapcharoensap-Cafe-Lovely/30244

 

Article écrit par Corinne Missler 



15/04/2012
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